11 novembre 2025

Thaïlande : le gouvernement réexamine la proposition de porter l’âge de la retraite des fonctionnaires à 65 ans

résumé

La Thaïlande est confrontée à un dilemme démographique et économique majeur: faut-il porter l’âge de la retraite des fonctionnaires de 60 à 65 ans pour mieux faire face au vieillissement rapide de la population et aux tensions sur le marché du travail ? Le gouvernement considère une approche progressive, inspirée par les pratiques de l’OCDE, afin de conserver les compétences des agents publics tout en préservant l’équilibre budgétaire et la performance des services. En 2024, les chiffres du secteur public thaïlandais montrent une base considérable d’employés et d’agents — enseignants, policiers, fonctionnaires locaux — qui pourraient être concernés par ce changement, ce qui rend le sujet d’autant plus sensible politiquement et socialement. Ce n’est pas une simple réforme technique: c’est une articulation entre justice sociale, efficacité administrative et soutenabilité financière, avec des échéances clairement indiquées pour 2025 et 2026. En filigrane, se dessine une vision où l’âge n’est plus un simple chiffre, mais un paramètre dynamique qui doit s’accorder avec l’espérance de vie en hausse et les besoins croissants de prise en charge et de formation continue des agents. Dans ce cadre, la question n’est pas « qui partira demain ? », mais « comment organiser le passage, sans créer de vide, ni bloquer les talents expérimentés qui restent aptes à servir ? ». Le chapitre thaïlandais invite à regarder ailleurs, mais aussi à écrire sa propre réponse adaptée au contexte national.

En bref

  • Âge de départ à la retraite en Thaïlande: débat autour de 60 → 65 ans pour les fonctionnaires et les secteurs publics et privés.
  • Population vieillissante et économie: un double défi qui pousse à repenser l’emploi des seniors et les budgets de pension.
  • Transition progressive: modèle envisagé sur une décennie, avec une montée progressive et des mécanismes d’adaptation
  • Impact sur le recrutement: maintien des flux de jeunes recrues, pas d’arrêt des embauches annuelles
  • Cadre budgétaire et social: assurance que le système de pension ne sera pas surchargé par le changement
Catégorie Effectifs (2024) Rôle dans la réforme potentielle
Total fonctionnaires et agents publics 1,12 million Base cible potentielle pour l’extension
Civil servants (fonctionnaires) 414 088 Public concerné par l’évolution de l’âge
Enseignants 441 168 Catégorie clé pour la planification éducative et salariale
Agents admin locaux 268 063 Champ d’application régional et local
Policiers 213 086 Champ des services de sécurité et de l’ordre
Autres catégories (indépendants, universités, juges, procureurs, parlementaires) approximativement 58 000 Parties prenantes de la réforme et du budget

Thaïlande: réexamen du âge de la retraite des fonctionnaires à 65 ans — contexte démographique et social

Le contexte thaïlandais est singulier et, paradoxalement, éclairant: en 2021, le pays a officiellement basculé dans une société vieillissante, avec 20 % de la population âgée de 60 ans et plus. L’anticipation était alors que ce seuil grimperait rapidement dans les années qui viennent, touchant non seulement le secteur public mais aussi le privé. En 2024, les données de l’OCSC (Office of the Civil Service Commission) ont posé les chiffres au clair: 1,12 million d’agents publics, dont 414 088 fonctionnaires et 441 168 enseignants, constituent le cœur du système. À cela s’ajoutent 268 063 agents administratifs locaux, 213 086 policiers, 26 364 agents des agences constitutionnelles indépendantes, 9 408 agents universitaires, 5 297 juges, 4 257 procureurs et 3 164 responsables parlementaires. Cette cartographie montre l’éventail d’acteurs touchés par la réforme et les implications transversales sur l’éducation, la sécurité, la justice et l’administration.

Face à ces chiffres, le Premier ministre Anutin a donné instruction à une étude complète sur le sujet, confiée à quatre organes: l’OCSC, le Département du Contrôle Général (Comptroller General’s Department), le Budget Bureau et le Government Pension Fund (GPF). L’objectif est d’éclairer une décision qui, loin d’être technique, s’inscrit dans une logique de réforme structurelle et d’adaptation sociétale. Une commission interministérielle examinera, entre autres, le nombre d’agents concernés, les implications budgétaires et les effets positifs et négatifs d’un éventuel allongement de la durée de carrière. Les résultats prévus pour la mi-décembre 2025 offrent une fenêtre d’action politique et budgétaire pour 2026 et au-delà.

Plus largement, l’objectif est de s’aligner sur une trajectoire qui reconnaisse l’évolution des conditions de santé et l’allongement de l’espérance de vie: si la retraite est aujourd’hui un rite, elle ne peut plus être un déterminant rigide pour tous les métiers, surtout lorsque les capacités et les compétences restent présentes bien après l’âge officiel de départ. Cette approche s’appuie sur les expériences étrangères, notamment celles des pays de l’OCDE qui ont progressivement relevé l’âge moyen de départ, pour préserver la vitalité économique et limiter les coûts des retraites. Par exemple, la philosophieOCDE qui fait défaut dans les conversations nationales seraient d’éviter des ruptures, et d’intégrer des mécanismes d’ajustement alignés sur les performances et la santé des agents.

Un regard sur les mécanismes de transition

L’étude envisagera une transition graduelle sur une décennie afin d’atténuer les perturbations organisationnelles. L’idée centrale est d’appliquer le principe “60→61→62…→65” par étapes, en alternant périodes d’augmentation et pauses concertées afin de permettre l’ajustement des systèmes RH, des logiciels de paie et des pratiques de recrutement. Concrètement, environ 400 000 agents publics pourraient être touchés, selon les estimations internes, et les mécanismes proposés visent à équilibrer les besoins en expertise des postes techniques et les postes de direction, sans bloquer les opportunités d’évolution pour les jeunes entrants. En parallèle, les salaires et les calculs de pension demeureraient liés au dernier salaire au moment de 60 ans pour limiter les coûts des prestations. Cette approche est pensée pour être équitable et transparente et pour prévenir les déséquilibres entre générations.

Exemples concrets d’application et d’exception existent déjà dans certains corps où l’expertise demeure irremplaçable. Le cadre permettrait, sous conditions, des prolongations de service pour des profils clés; néanmoins, ces cas seraient limités et encadrés par des évaluations strictes. Autrement dit, l’objectif n’est pas d’écrire une retraite “à vie” pour tous, mais d’offrir une flexibilité mesurée afin de retenir les talents indispensables et d’assurer une continuité dans les services publics.

Tableau récapitulatif des scénarios et hypothèses

Scénario Âge cible en 2035 Impact budgétaire estimé Mesures complémentaires
Extension progressive à 65 ans 65 Modéré, dépend des évolutions démographiques Bonifications et maintien des flux de jeunes
Maintien à 60 ans pour certains postes 60–61 Faible à moyen Évaluations annuelles des postes stratégiques
Phase pilote secteur privé et public 61–63 Variable selon le secteur Formation continue, reconversion

Cadre politique et mécanismes de transition

La dimension politique n’est pas seulement une question d’âge, mais une orchestration complexe autour de la gestion des ressources humaines, du budget et de l’efficacité des services publics. Le gouvernement affirme que l’extension de l’âge ne touchera pas les postes de direction et ne bloquera pas la progression de carrière des jeunes entrants. Siripong Angkasakulkiat, porte-parole du gouvernement, a précisé que l’allongement viserait surtout les postes techniques et spécialisés, afin d’éviter des ruptures dans les chaînes de responsabilités et d’assurer une transmission des savoir-faire. Cette distinction est importante pour préserver la solidarité entre générations et pour éviter que les cadres supérieurs ne soient rattrapés par des goulets d’étranglement structurels. Le mécanisme prévoit aussi que les calculs des pensions pour le budget national restent basés sur le salaire de référence à 60 ans, afin d’éviter une poussée excessive des charges liées à la pension. Cette approche vise à garantir l’équité entre ceux qui restent en poste et les nouvelles recrues qui intègrent le système.

La question des ressources nationales est centrale: l’OCSC et les partenaires publics travaillent à vérifier que la réforme ne grevera pas le financement des retraites et qu’elle soit compatible avec les exigences d’un système de pension durable. Dans ce cadre, la direction budgétaire et les organes de contrôle vont suivre de près les dépenses, les scénarios de personnel et les économies potentielles qui pourraient être dégagées par une meilleure gestion des talents et par une réduction des départs anticipés pour raisons de fatigue professionnelle ou d’épuisement de carrière. Au-delà des chiffres, il s’agit aussi de préserver l’attractivité du service public, d’accompagner les agents vieillissants avec des programmes d’évaluation et de formation continue, et d’adapter les postes à l’évolution des technologies et des méthodes de travail. Le gouvernement a d’ailleurs souligné que la réforme ne compromettra pas les efforts de recrutement: environ 10 000 nouveaux agents entrants chaque année continueront d’être recrutés pour remplacer les départs et maintenir l’élan des services publics.

Par ailleurs, le ministère du Travail et les partenaires institutionnels travaillent à intégrer les meilleures pratiques internationales. L’idée est de s’inspirer d’un modèle progressif et de mettre en place des mécanismes de suivi qui permettent de mesurer les effets sur la productivité et sur la qualité des services publics. Des indicateurs de performance et de bien-être au travail seront introduits pour suivre l’impact des prolongations d’activité sur la performance des équipes et sur la satisfaction des usagers. L’objectif est clair: éviter les effets négatifs sur les services et, au contraire, tirer parti de l’expérience et de l’expertise des agents âgés qui restent en poste, tout en offrant des perspectives de développement pour les plus jeunes.

Tableau de coordination et d’étape

Organisation Rôle Échéance
OCSC Conception et supervision du réexamen Mi-décembre 2025
Comptroller General’s Department Évaluation budgétaire et contrôle Décembre 2025
Budget Bureau Appropriation et allocation Fin 2025
GPF Gestion des pensions et financement Premier semestre 2026

Impact sur le marché du travail et la productivité des agents publics

Le vieillissement est déjà une réalité qui influence les dynamiques du travail en Thaïlande. Si l’âge légal demeure élevé à 60 ans, les conditions de travail et les possibilités de reconversion professionnelle constituent des leviers essentiels pour maintenir la compétitivité du secteur public. Les partisans de la réforme soutiennent que permettre à des agents de plus de 60 ans, mais encore en bonne forme physique et mentale, de rester au sein de l’administration peut réduire les pertes de savoir-faire et les déménagements coûteux vers le privé ou la retraite純. Dans le même temps, il faut éviter de créer des goulets d’étranglement dans les postes-clés et les chaînes de commandement. Des mesures comme le travail partagé, le mentoring et des programmes de formation continue peuvent aider à préserver l’efficacité opérationnelle et la qualité des services public.

Pour les jeunes entrants, la question est pragmatique: est-ce que les postes seront toujours disponibles et les évolutions de carrière maintenues? Le scénario le plus probable est celui d’un flux régulier de jeunes professionnels, compensant les départs et les prolongations à des effets limités sur les possibilités d’avancement. Les autorités soulignent qu’en moyenne, environ 10 000 nouveaux agents sont recrutés chaque année pour maintenir l’équilibre démographique et professionnel. Toutefois, l’impact réel dépendra de la vitesse de mise en œuvre et des mécanismes d’accompagnement pour les seniors afin d’assurer que les postes techniques et métiers restent attractifs et accessibles.

La dimension économique mérite aussi d’être examinée: une meilleure utilisation des compétences des plus âgés peut accroître la productivité et réduire les coûts de remplacement, mais elle exige des outils de gestion des carrières et des incitations à la formation. Les experts insistent sur l’importance des systèmes de soins et du financement des retraites pour soutenir cette transition sans affaiblir les prestations ou créer des inégalités entre générations. Dans cette optique, les recommandations privilégient une approche mesurée, avec des mécanismes de contrôle et une évaluation continue pour ajuster les politiques en fonction des résultats observés sur le terrain.

Tableau des effets attendus sur les ressources humaines

Aspect Effet attendu Indicateur
Compétences techniques Rétention des savoir-faire Taux de rétention post-60
Recrutement des jeunes Maintien des flux Nombre de recrutements annuels
Productivité Maintien ou amélioration Indices de performance des services
Budget pension Stabilité Évolution des dépenses par an

Repères internationaux et modèle à suivre

À l’échelle mondiale, la question de l’âge de départ à la retraite suit des trajectoires diverses mais convergentes sur l’idée d’un horizon plus tardif, soutenu par des mécanismes de formation et d’accompagnement. L’exemple des pays de l’OCDE est souvent invoqué: la plupart d’entre eux ont relevé leur âge de retraite ou prévu de le faire progressivement pour faire face à une population qui vit plus longtemps et qui continue d’être productive plus tard dans la vie professionnelle. Dans le cadre thaïlandais, l’inspiration est claire: une montée progressive de l’âge, associée à des politiques de formation continue et de reconversion, peut permettre de conserver des talents tout en préservant les finances publiques.

Parmi les pays cités comme références, Singapour et la Suisse affichent des trajectoires ciblant l’alignement des périodes de travail avec les besoins économiques, sans sacrifier l’équité sociale. Le Royaume-Uni et d’autres nations européennes présentent des mécanismes spécifiques pour les travailleurs qui choisissent de rester actifs après 65 ans. En Asie, la Corée du Sud et le Japon montrent aussi que la gestion des âges, la flexibilité des carrières et les systèmes de sécurité sociale exigent une approche adaptée aux contextes culturels et économiques locaux.

Pour la Thaïlande, le chemin passe par une mise en œuvre progressive, des évaluations périodiques et une coordination efficace entre les ministères. Cette méthode doit intégrer l’évaluation des besoins en formation, les incitations à la reconversion et l’adaptation des métiers les plus sensibles aux évolutions technologiques et organisationnelles. Le but est clair: faire de la retraite non pas une fin, mais une étape intégrée dans un parcours professionnel plus long et plus flexible. Dans ce cadre, les leçons des autres pays servent de repères mais ne remplacent pas les choix propres à la société thaïlandaise.

Tableau comparatif rapide

Pays Âge de départ (2025) Progression Mesures clés
Thaïlande 60 → 65 (proposé) Progressive Phase pilote, formation, pension ajustée
Singapour 63 → 69 Progressive Incitations à l’emploi des seniors, flexibilité
Suisse 65 Stabilité Pension et travail flexible
Corée du Sud 60→65 Progressive Subventions à l’emploi des seniors, flexibilité contractuelle

Perspectives citoyennes et implications pratiques

Au-delà des chiffres et des mécanismes, il faut écouter les voix des agents publics et des usagers des services. Le débat porte aussi sur la capacité des institutions à s’adapter au quotidien: formation continue, accompagnement des seniors, aménagements de postes et prévention des risques psychosociaux. En pratique, pour les agents, cela implique une meilleure planification de carrière, des opportunités de reconversion interne, et une communication transparente sur les choix de fin de carrière. Pour les jeunes professionnels et les usagers de l’administration, cela peut signifier des services plus efficaces et des parcours professionnels plus riches, basés sur la compétence et la capacité plutôt que sur l’ancienneté seule.

Dans ce cadre, les autorités encouragent une approche centrée sur l’aptitude, et non sur l’âge seul, avec des indicateurs clairs pour suivre les progrès et les résultats. La flexibilité sera la clef: elle permet d’adapter les postes et les conditions de travail en fonction des capacités, des besoins et des aspirations des agents, tout en assurant la continuité des services publics. À ce titre, le dialogue social et la consultation des partenaires sociaux sont essentiels pour canaliser les ajustements de manière équilibrée et équitable. La société thaïlandaise, en somme, est invitée à réfléchir à un modèle de travail qui reconnaît la valeur des années d’expérience, tout en offrant des passerelles vers de nouvelles formes d’employabilité et de contribution citoyenne.

Utilisations et implications pratiques pour les agents

  • Évaluation régulière des postes et des compétences pour identifier les postes compatibles avec le maintien en activité au-delà de 60 ans
  • Programmes de formation et de reconversion pour les seniors afin d’éviter l’obsolescence et les décalages technologiques
  • Dispositifs de travail flexible et d’aménagement des postes pour réduire les risques professionnels

Quelles catégories de personnels pourraient être les plus touchées par l’allongement de l’âge de la retraite ?

Les postes techniques et spécialisés, les agents administratifs locaux et les professions liées à la sécurité et à la santé publique, tout en préservant les postes de direction et les opportunités d’avancement pour les jeunes entrants.

L’embauche de nouveaux agents sera-t-elle impactée ?

Non. Le gouvernement affirme que le recrutement annuel, autour de 10 000 nouveaux agents, se poursuivra pour assurer l’entrée de jeunes talents et le renouvellement des compétences.

Comment le calcul des pensions évoluera-t-il ?

Les pensions devraient être calculées sur le salaire final à 60 ans pour éviter une surcharge budgétaire, avec des engagements clairs sur les salaires fixes pendant la période d’emploi prolongé.

Quelles mesures d’accompagnement pour les aidants et les personnes dépendantes ?

Le cadre propose des solutions de soutien à domicile et des systèmes de financement de soins à long terme pour favoriser une transition inclusive et durable.

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